S’ils n’étaient pas simplement séparés par une étroite bande de mer, la Belgique et le Royaume-Uni pourraient être considérés comme des pays limitrophes à part entière. Historiquement, en raison de leur proximité, les Britanniques ont contribué à influencer les tendances brassicoles belges. Les deux pays gardent chacun un patrimoine brassicole distinct et bien inscrit, mais certaines influences venues d’Outre-Manche se font ressentir en Belgique.
Au début du XXe siècle, le Royaume belge se situait déjà à un carrefour stratégique en Europe : voisin des pays anglo-saxons qui exportaient des ales ou des porters très appréciés, et proche des pays européens de l’Est qui produisaient en masse de nombreuses pils.
Après la Première Guerre Mondiale, pour contrer cette farouche concurrence, les brasseurs belges tentèrent d’asseoir leur réputation en produisant un style de bière national. Des brasseurs britanniques furent consultés, et une bière ambrée, conforme aux ales anglais, fut mise au point. De haute fermentation, présentant un volume d’alcool d’environ 5% et fabriqué principalement à base d’orge, ce style de bière fut à l’époque baptisé Spéciale, Spéciale Belge, ou encore Belge, et il rencontra un succès populaire dans les régions reliant Anvers à Charleroi. Des bières actuellement produites en Belgique constituent l’héritage de ces créations brassicoles d’inspiration anglaise.
Au fil du temps, l’usage du mot Spéciale commença à dépasser la désignation initiale. Aujourd’hui, il est généralement admis qu’une spéciale se réfère à une bière de haute fermentation. Pour écarter toute ambiguïté ou approximation, nous répertorions ici les ales belges qui furent créées au début du XXe siècle en référence aux bières anglaises.
Dans un style différent, le stout, bière très foncée aux accents de malt grillé originaire du Royaume-Uni et d’Irlande, constitue un autre exemple d’influence extérieure, et figure aujourd’hui parmi les productions de certaines brasseries artisanales belges.